Quand on remplace pourquoi par comment, on passe d’objet à sujet.
“Why does it always rain on me ?” devient “Comment me procurer une élégante capuche de poche ?”1 Ainsi se lève le poids de la fatalité. Quel soulagement ! Celui de la responsabilité paraît supportable en comparaison. Et s’il ne l’est pas, alors il faut obtenir de l’aide pour le porter vers de nouveaux horizons. Retrouver de l’agentivité - la perception de soi comme une personne capable d’agir sur le monde - pourrait bien commencer par cet effort de vocabulaire.
Autre proposition. “Elle n’est pas parfaite et c’est cool.” affirme une amie au sujet d’une autre. Je reconnais que le mot cool est un peu suranné, mais je l’aime bien, et ChatGPT (vous savez peut-être que je lis ses aphorismes) cautionne naïvement. Je le cite : “Être cool, c'est un peu comme être une brise légère par une chaude journée d'été”.
Bref, mon amie voulait-elle dire qu’elle s’accommode gentiment des défauts de la sienne ou bien que ses imperfections font d’elle quelqu’un de remarquable ou encore un peu des deux ? Dans tous les cas, après des années d’un débat intérieur cruel et sans merci, je propose unilatéralement de trancher : better cool than perfect !
Une dernière, pour le rythme. Plutôt que de dire “m*rd* !” la prochaine fois que vous échappez votre tartine et qu’elle tombe du côté de la confiture, vous pourriez dire “Sat Nam”, suggestion ésotérique d’un de mes enseignants de yoga2, ou choisir tout autre substitut préférable : une interjection poétique, pieuse ou même absurde.
Si vous manquez d’inspiration, je vous soumets une solution économe de moyens et qui ne fera pas se retourner sur vous : un automatique mais franc “merci !”, façon élégante de garder le dessus sur la situation tout en embrassant gracieusement votre sort !
Pour finir, avec les mots de Christiane Singer encore3 : “Ce n'est que rarement la réalité qui nous prend à son traquenard. Le plus souvent, la représentation que nous nous en sommes élaborée suffit. C'est en elle que nous vivons.”
Ce qui est dingue, c’est que même lorsque l’on connaît les ficelles du piège que l’on se tend, on se prend les pieds dedans encore et encore. Mais un jour, peut-être, on s’en fait un porte-bonheur.
Un grand merci pour vos mots doux à la reprise de ces lettres et pour vos petits cœurs d’encouragement !
Clin d’œil à mon influenceuse capuche préférée.
Je crois me souvenir qu’il suggérait l’entraînement de ce réflexe pour s’assurer de prononcer des paroles vertueuses au moment de faire ses adieux au Monde.
… et toujours dans ses Derniers fragments d’un long voyage