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Au programme de ce numéro :
Un an après l’avoir quittée, revoir Paris
Portrait ému de Laurence Mallaret
Un an après l’avoir quittée, revoir Paris
Tous les vendredis, je prends le train de Tours à Paris pour passer la journée dans un joli cabinet au cœur du 17ème arrondissement. De Montparnasse, je prends la ligne 13 et voyage jusqu’à La Fourche, plus ou moins écrasée contre la porte du métro selon les jours. Puis je marche en direction du quartier Legendre-Lévis.
Un matin ce mois-ci, l’horaire de mon premier rendez-vous me laissant le temps de faire la traversée en bus jusqu’aux Batignolles, c’est délibérément cette fois que j’ai collé mon nez contre la vitre, pour admirer la ville à l’apogée du printemps.
En ligne presque droite, le 94 est remonté par la rue de Rennes puis s’est engagé sur le Boulevard Raspail. Se sont égrenées ensuite des étapes toutes évocatrices pour moi : Sèvres-Babylone, Solférino, Assemblée Nationale, Concorde, Madeleine, Havre-Caumartin, Saint-Lazare, Rome.
Que d’émotion ! Émerveillement, face à la beauté des perspectives, l’enchaînement de parfaites cartes postales, l’allure des parisiennes…
Excitation et léger FOMO
Stupeur, dans les embouteillages devant l’empressement aveugle des conducteurs d’engins divers. Le chauffeur, placide et adroit, a d’ailleurs esquivé deux carambolages de peu. Mon visage, lui, a évité la vitre de justesse et je suis descendue du bus sous le charme électrique d’un parcours encore familier il y a peu.
Cela fait un an presque jour pour jour que j’ai quitté Paris pour la province. Depuis je n’ai cessé d’interroger mon lien avec la capitale. Je n’y suis pas née, mais je l’aime depuis longtemps, comme un lieu de créativité magnétique, d’une sociabilité mâtinée d’un anonymat confortable et de plaisirs variés au-delà de ce qu’il est possible d’en profiter. Je m’y sens chez moi, même avec une valise. Ses défauts m’énervent encore et toujours. Je me sens concernée par sa saleté, sa pauvreté et sa brutalité. Finalement, j’ai suffisamment oublié Paris pour que l’enchantement soit renouvelé et je m’en souviens trop bien pour la regarder en étrangère !
“Ne pouvoir se passer de Paris, marque de bêtise ; ne plus l’aimer, signe de décadence.” aurait écrit Flaubert dans ses Notes de voyages. J’acquiesce. Je ne suis pas de celles qui désaiment. Je rajouterai seulement “Ne pouvoir se passer de Paris lorsque le moment est venu de la quitter”, car je suis certaine que l’on peut y passer toute sa vie avec bonheur.
Néanmoins, si un jour les peines l’emportent sur les plaisirs de la capitale - jour qui se présente plus facilement aux familles avec de jeunes enfants, alors il devient utile de questionner ses enfermements pour oser imaginer une alternative. Tout en gardant à l’esprit que l’on n’échappe à rien en déménageant. On troque certaines nuisances contre d’autres, plus compatibles avec son mode de vie et ses besoins du moment.
Dans mon expérience de la province, il y a moins de bruit, mais aussi moins de services. Moins de circulation, mais le besoin plus fréquent de se déplacer en voiture. Moins de densité urbaine, mais une offre culturelle réduite. Des rues moins salles, mais pas propres non plus. Des rues commerçantes également colonisées par l’ennui de marques mondialisées, aux dépens des boutiques uniques qui ont, un jour, fait le charme des déplacements.
Y suis-je bien ? Très, car ce qui compte pour moi aujourd’hui (et ce dernier mot pèse), ce sont la paix d’une vie moins urgente que celle qui me pressait à Paris ainsi que son corollaire : le retour du désir.
A Paris, la frénésie des invitations épuisait mon système nerveux, insidieusement sur-stimulé sous la pression d’un quotidien trop minuté pour ma nature. Comme un enfant à qui on reprend un cadeau de Noël à peine ouvert pour qu’il ouvre le suivant, je me sentais chahutée sans le répit suffisant pour absorber le flot continu d’une offre devenue demande.
Le mécanisme que j’évoque est personnel et paradoxal. Etrangement, aujourd’hui que je suis face à un choix moins impérieux d’expériences nouvelles, je ressens aussi plus d’envie. L’élan, alimenté plus spontanément de l’intérieur est doux, et non moins passionné.
Depuis qu’on fait chambre à part, je vis donc ma lune de miel avec Paris et me laisse surprendre avec délectation par les bonheurs plus calmes et plus amples de la vie de province.
Il est encore temps de prendre soin de soi avec une séance d’hypnothérapie, un massage ou un cours de yoga avant les vacances !
RDV à Paris 17, Tours Centre ou en ligne. www.studiorevellata.com
Portrait ému de Laurence Mallaret
Dis moi ce qui t’émeut et je te dirai qui tu es…
Laurence m’a devancée de quelques mois en quittant Paris avec un aller simple pour Marseille. Je profite pourtant de son talent tous les jours, en présence d’une de ses aquarelles au Studio. Artiste peintre en décors, Laurence fait parler les murs, avec des fresques peintes ou même modelées à la demande, dans des espaces privés et publics.
Nous nous sommes rencontrées lors d’une formation pour enseigner le yoga. Son esprit, sa sensibilité, ainsi que sa manière personnelle et entière de se positionner sur un sujet, nourrissent mon admiration, ma tendresse et ma réflexion à chaque conversation depuis.
Portraitiste douée au pinceau, elle a accepté de s’auto-portraiturer en mots, à la couleur de ses émotions du moment. Merci Laurence !
Vous pouvez découvrir son travail sur son compte Instagram. Attention, vous risquez d’en vouloir à vos murs blancs !
Une émotion qui te ressemble
En ce moment je dirais la nostalgie. Je suis souvent renvoyée à mon passé, à mes morts… de façon poétique. C’est comme respirer un parfum d’autrefois. C’est doux, insaisissable et inestimable.
Un truc qui te fait vraiment peur
J’ai peur d’être réincarnée. Vraiment.
Ce qui t’a rendue heureuse dernièrement
C’est un bain de mer. J’aime me rappeler que je suis minuscule dans l’immensité. L’eau est mon élément. Je me sens immédiatement régénérée à son contact. L’horizon me fait rêver. Les gens ont l’air heureux au bord de l’eau. Tout me paraît plus calme à cet endroit-là.
Un mot qui te réjouit
Miam !
Ta dernière colère
La lâcheté me met en colère. Le courage est une qualité rare qui embellirait le vivre ensemble.
Un dégoût absolu
L’entre soi.
Pleurer c’est …
… laisser circuler l’émotion. De joie ou de tristesse.
Une personne qui t’émeut
Il y en a beaucoup. Dès que j’entends la voix de l’abbé Pierre, j’ai envie de pleurer. Parce qu’il est profondément sincère. C’est rare.
La bande son parfaite pour la danse de la joie
Still D.R.E. ft. Snoop Dogg de Dr Dre. Dès les premières notes… le pas de danse s’impose!
Une bonne surprise
Une attention, n’importe laquelle, c’est toujours une surprise pour moi.
Fear Of Missing Out ou peur de passer à côté d’une nouvelle ou d’une occasion sociale