Entendez-vous résonner la voix grinçante de ces âmes damnées des contes avec lesquels on terrifie les enfants ? “C’est trop taaaard…” Elles se délectent de la torture infligée à leurs innocentes victimes, qui ne les avaient pas vues venir.
Dans la vie, il arrive régulièrement que ce soit vraiment trop tard.
Je ne serai jamais danseuse étoile, championne de karaté ou virtuose à la guitare par exemple. Je le déplore avec l’objectivité d’une quarantenaire aux articulations gentiment raidies et aux doigts patauds malgré des efforts à la flûte à bec au collège. Mais plus encore que le temps qui file, c’est l’absence d’un talent naturel suffisant dans ces disciplines qui a fait tomber le couperet sans égards pour l’horloge. En clair, il est trop tard, mais le moment s’est-il vraiment présenté ?
Plus intéressant, il existe une zone grise où s’impose la discussion quant à la juste temporalité pour chaque chose.
Je peux dire pour moi qu’il est trop tard pour entamer des études de médecine, espérer être un jour parfaitement bilingue en japonais, ou mettre les deux pieds derrière ma tête en faisant un noeud avec. Mais cette fois, la part de choix dans la direction de mon énergie est plus grande ! D’ailleurs je négocie ma position, en faisant des études de psychologie (plus courtes), en osant baragouiner (au moins pour faire honneur à la langue de mon interlocuteur) et en restant fidèle à la pratique du yoga (que je considère d’utilité publique).
Pendant ce temps, d’autres ne craignent pas le procès pour résistance à un renoncement élégamment mature et deviennent avec panache artiste, docteure ou championne. Notez que je n’ajoute pas un classique “sur le tard” car telle est ma thèse que chacun voit midi à son horloge !
Cette marge nuageuse, où s’atteler (ou renoncer) à un projet mérite débat, a son silver lining : le plaisir s’y invite plus facilement aux côtés de la performance que lorsque l’on est attendu dans une discipline bien de son âge. C’est là le privilège du challenger. Dès lors, quel gâchis suprême que de se priver d’une expérience délectable par allégeance à une norme ou par vanité mal placée !
Finalement, faire un usage libre de son temps libre est une habitude qui se perd, d’autant que nous sommes téléguidés par les applications de nos téléphones. Et j’aime à penser qu’il n’est pas trop tard ! Pas vous ?
Je serais très heureuse aussi de lire vos commentaires ou avis en tout genre, et de vous rencontrer avec Studio Revellata.
Aurélie