Commençons par le commencement. Que vous soyez là par hasard ou depuis le début, merci d’être au rendez-vous !
En même temps que se déploie spontanément cet élan de gratitude, me viennent à l’esprit toutes les raisons pour lesquelles je suis indigne de vous qui lisez cette lettre irrégulière, compliquée, dépourvue d’une ligne éditoriale claire, et bla et bla et bla…
Mais je termine le livre de Mona Chollet intitulé “Résister à la culpabilisation : sur quelques empêchements d’exister”. Sa lecture m’incite à lutter contre cette pente raide qui mène tout droit à la mésestime de soi et au dégoût de ses activités favorites. Je résiste donc, encore et encore, pour m’autoriser à partager avec vous quelques réflexions sur le sujet.
En préambule, il semble que sans la culpabilité le monde serait encore plus dangereux qu’il ne l’est déjà. Elle est en effet une émotion “morale”, qui se présente lorsqu’un individu considère qu’il dévie de la norme sociale ou la transgresse. Elle génère des comportements de réparation du tort que la personne considère avoir causé.
La culpabilisation, c’est l’acte de susciter la culpabilité chez quelqu’un, ou quelqu’une, car Mona Chollet est une essayiste féministe. Elle consacre ainsi son livre aux femmes, aux mères et aux enfants, à celles qui s’épuisent à leurs tâches sans limites ou encore militent en portant la croix d’une pureté illusoire.
Elle montre par quels mécanismes nous nous trouvons assaillies sans relâche par une voix autocritique qui nous suggère la contrition, et comment la culpabilisation motive implacablement chacune à s’adapter pour occuper l’espace - parfois très réduit - qui lui est assigné.
À la réflexion, il me semble que la culpabilisation produit au moins autant de honte que de culpabilité. Bien que ces deux émotions soient facilement confondues, la culpabilité porte sur les actes jugés inadéquats, tandis que le honte touche à l’individu dans son être même et a, de ce fait, des conséquences plus délétères en terme de santé mentale.
Mon attention, mise en alerte par la lecture, est attirée par l’usage que nous faisons multi-quotidiennement des “j’aurais dû”, “je suis nulle” et autres “je suis désolée”. Ces pensées ont une fausse utilité : celle de nous laisser croire à notre toute puissance sur des circonstances qui nous échappent totalement. En clair, nous nous sentons souvent insuffisantes de ne pas réussir l’impossible.
Comment sortir du piège de l’autoflagellation ? Je retiens - et admire - parmi les solutions évoquées par Mona Chollet, les Letters from Love d’Elizabeth Gilbert et le Nap Ministry (Ministère de la Sieste) de Tracey Hersey. Les unes consistent à s’écrire en empruntant la voix de l’Amour, sans conditions ni mièvrerie. L’autre fait du repos un acte de résistance collectif.
A titre personnel, j’allume mon radar pour ne pas laisser ce conditionnement colorer l’alliance nécessaire à toute relation thérapeutique. Je crois aussi en l’utilité de détricoter ensemble les mailles du filet, que ce soit en tête à tête ou en cercle.
Pour finir, je serais heureuse de lire vos commentaires si la thématique vous inspire.
A bientôt, Aurélie
Infos et rendez-vous : www.studiorevellata.com
Date du prochain cercle de paroles entre femmes : le 5 décembre
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