Chers lecteurs et lectrices,
Merci d’être au rendez-vous, ce vendredi encore. Votre présence m’honore !
J’ai passé la semaine, mi-active, mi-oisive, à Paris et repars avec dans le cœur une collection de moments émus, retenus parmi d’autres sans relief - expos oubliables, cafés servis sans égards ou plaisirs manqués faute d’attention.
Voici quelques pépites de cette collection et, en conclusion de chacune, une question que je laisse planer pour moi, dans l’espoir de rencontrer bientôt des éléments de réponse. Ces questions auront-elles un écho chez vous ? Je l’espère !
Bon week-end !
Aurélie
Puzzle en cours
Visite de l’exposition « À toi de faire, ma mignonne » de Sophie Calle au Musée Picasso pour les 50 ans de la mort de l’artiste.
C’est une expo en creux, car on n’y voit pas vraiment les oeuvres du maître. Sophie Calle raconte l’absence mais ce qui transpire à travers tout le parcours, c’est la force de sa présence à elle, sa vitalité, son esprit inventif et audacieux. Les dernières salles racontent des projets qu’elle a formulés sans les mener à terme pour diverses raisons allant du tragique au cocasse. J’ai perçu le potentiel de guérison incroyable qu’il y a à reconnaître ces chemins que l’on n’a pas explorés jusqu’au bout et à réintégrer avec eux les morceaux de soi flottants et les lambeaux abandonnés du temps que l’on croit perdu.
Pourquoi ne pas reconnaître les vertus de chacune de ces idées contrecarrées, ambitions douchées et expériences avortées, pour se libérer des regrets et les voir comme des pièces utiles du puzzle de la vie ?
Descente du dimanche soir
Visionnage du film Le Règne Animal de Thomas Cailley, avec Romain Duris et Paul Kircher.
Sortie tardive de la séance dans le quartier désert d’Odéon. Les quelques berlines noires roulent trop vite. La lumière des lampadaires et des phares vacille à travers le rideau de pluie. Les flaques imbibent les semelles. C’est la descente du dimanche soir. Ce film, dérangeant et beau, a eu un effet explosif sur moi. Comme une allumette qu’on craque vers une source de gaz. Avant de le voir je me sentais bien (enfin je crois). À la sortie, j’étais sens dessus dessous. Mais plutôt qu'habitée douloureusement par les thématiques du film portant propices à l’inquiétude - le rapport de l’humain à son environnement, la place de la différence dans la société, les relations filiales à l’adolescence - je l’étais par mes angoisses intimes, mes grandes classiques du moment.
Quel est ce réservoir où fermentent les inquiétudes en attendant que le bouchon saute sous la pression et comment laisser s’échapper le gaz en évitant l’effet pyrotechnique ?
Rien de rien
Visite de « Picasso, Dessiner à l’infini. » à Beaubourg.
A l’infini, c’est le mot. Je trouve souvent que les journées passent trop vite et que la vie est trop courte. Picasso me fait mentir et me renvoie le reflet d’une désinvolture coupable. À faire l’inventaire de ses œuvres - elles sont encore dans tous les musées du monde quand bien même la somme présentée à Beaubourg est gigantesque - je me dis qu’il faut se mettre au travail !
L’exposition est incroyable , même pour qui, comme moi, n’a pas une passion dévorante pour le peintre. Elle montre comment au cours d’une même journée, il s’essayait à plusieurs reprises au même motif, en recherchant, déstructurant, simplifiant, attrapant une idée nouvelle au passage. Et ce même élan se déploie sur des semaines, des mois, une vie.
On admire une collection de carnets de dessins ornés infatigablement. On comprend le génie et le travail, l’instinct et l’étude, l’instantanéité et le temps long de la création.
Est-ce que la vie ça ne passe pas trop vite seulement quand on n’en fait rien ?
Jubilation
Mercredi 1er Novembre. Je traverse l’exposition Chagall à l’œuvre, au Centre Georges Pompidou toujours, avec au ventre l’envie chevillée de m’attabler devant un chou fleur rôti chez Miznon. Mon estomac me distrait et il y a tant à voir à Beaubourg que mon attention sature. Et pourtant.
Je passe sur la beauté des dessins, chacun ses goûts, même si ne pas aimer Chagall c’est, selon la part la moins démocrate en moi, habiter sur une bien triste planète.
Ce qui m’a émue, au delà des couleurs et des formes, c’est de sentir à quel point l’artiste aimait pratiquer son art et a mêlé travail acharné et plaisir fou.
Cela m’a mise dans un état de réceptivité extraordinaire de percevoir l’énergie, le jeu, le désir de créer. L’homme est apparemment plutôt modeste mais l’artiste s’aventure et ose tout. Il s’attelle à des projets intimidants, comme des costumes de spectacle en un temps record ou le plafond monumental de l’Opéra Garnier qu’il réalise bénévolement, malgré les critiques acerbes envers le choix de Malraux de le lui confier. Il se lance sans inconscience aucune, produisant des esquisses et maquettes en quantité, mais avec quelle jubilation !
Est-ce une histoire que je me raconte ? J’ai senti, à travers l’exposition que Chagall a peur mais il y va car il en a envie. Je terminerai donc cette fois non pas avec une question mais avec une note à moi-même :
« Cet hiver, ne pas prendre froid aux yeux. »
Si vous hésitez à entreprendre une démarche thérapeutique mais que vous sentez qu’il vous serait utile d’être accompagnée en raison de symptômes physiques, comportementaux ou émotionnels, je vous invite à prendre contact par mail (studiorevellata@yahoo.com).
Je vous proposerai alors quelques créneaux pour discuter et cela n’engagera qu’une conversation (gratuite) pour faire le point sur vous et sur les approches possibles pour aller mieux.
Pour prendre un rendez-vous à Tours, Paris ou en visio, c’est sur le site Studio Revellata !
Au plaisir de vous recevoir !